10 expos à voir en France cet été
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1. LENS (PAS-DE-CALAIS) : le Scribe accroupi

Aller dans le pays des gueules noires pour admirer un chef d'oeuvre des antiquités égyptiennes, ce peut être l'occasion de faire d'une pierre (ou plutôt d'un boulet de charbon !) deux coups : s'intéresser au passé minier et industriel du Nord (en visitant le site historique de Lewarde, par exemple), et plonger dans un passé plus lointain grâce à l'exposition du "Scribe accroupi" au sein du Louvre Lens. Le petit frère du Louvre parisien a été créé en 2012 et il est logé dans un beau bâtiment moderne imaginé par les architectes japonais de l'agence Sanaa. Mais, nom d'un stylet, revenons à notre Scribe ! Prêtée par le musée parisien, cette pièce représente un lettré ayant vécu il y a plus de 4 500 ans, dans une posture d'écriture d'un papyrus tenu sur ses genoux : mais que pouvait-il donc écrire, se demande-t-on en voyant son regard impassible. Anecdote qui enracine un brin notre Egyptien dans le pays des corons : la sculpture a été découverte par une figure régionale, Auguste Mariette, savant du XIXe siècle originaire de Boulogne-sur-Mer. Bref, courrez voir le Scribe accroupi !
► Jusqu'au 29 août 2022.
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2. ORNANS (DOUBS) : "Ceux de la terre", les paysans de Courbet à Van Gogh

Dans le si doux Doubs, se trouve la ville du peintre Courbet, qui resta toujours debout après la Commune de Paris à laquelle il prit part, au point de devoir fuir en Suisse. Cette ville, c'est Ornans. Y coule sa chère rivière de la Loue, tant de fois représentée. Ornans, donc, propose dans son musée Courbet une exposition sur le thème de la représentation des paysans dans la peinture. L'apparition et le développement de la représentation de la vie rurale, analysés comme un phénomène de mode, sont illustrés par 170 oeuvres d'artistes comme Courbet, bien sûr, mais aussi Millet, Gauguin, Rodin, Van Gogh, etc.
Bonus : si vous séjournez dans la région, jetez un oeil à la saline royale d'Arc-et-Senans et, un peu plus loin dans les Vosges, à l'incroyable "théâtre du peuple" de Bussang (lire notre article sur 10 lieux de l'utopie sociale à voir en France).
► Jusqu'au 16 ocobre 2022
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3. LE HAVRE (SEINE-MARITIME) : le vent souffle au musée !

Une étonnante idée -ô combien "décoiffante"- que celle de consacrer une exposition au vent, par nature insaisissable et non représentable, et à la place qu'il a pris dans l'art. Cette gageure est à voir...(allez, je vous souffle !)...au musée du Havre, une ville totalement rebâtie après la seconde guerre mondiale et qui mérite elle-même une visite, notamment pour son appartement témoin de l'architecture de Perret et la splendide église de béton de Saint Joseph.
Le parcours de l'expo compte 170 œuvres (peintures, dessins, estampes, photographies, vidéos, verres, etc.) de l’Antiquité à la période contemporaine, réalisées par une centaine d'artistes très différents : Dürer, Goya, Hokusaï, Turner, Corot, Boudin, etc.
► Jusqu'au 2 octobre 2022
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4. LANDERNEAU (FINISTERE) : Ernest Pignon-Ernest

C'est un artiste à part, qui imagine ses oeuvres en fonction du lieu où il les destine : les Capucins, à Landerneau, accueillent Ernest Pignon-Ernest. L'exposition présente 300 oeuvres : dessins de rue, photographies, installations, etc. Vous connaissez sûrement une des images de cet artiste fascinant qui conçoit ses oeuvres pour les intégrer à une ville ou à un paysage, et les exposer en pleine rue où elles prennent totalement leur place (voir ce documentaire d'Arte).
Et comme Landerneau se trouve entre Brest et Morlaix, vous aurez l'embarras du choix pour admirer les paysages : baie de Morlaix, presqu'île de Crozon, pays de Léon, et Monts d'Arrée malheureusement ravagés par un incendie cet été, etc. Mais du calme ! Prétendre tout voir serait un...calvaire !
► Jusqu'au 15 janvier 2023
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5. PARIS : les couleurs de Simon Hantai
![Simon Hantaï, Tabula, [Paris], 1980 Acrylic on canvas, 295 × 466 cm Private collection © Archives Simon Hantaï / ADAGP, Paris 2022 © Fondation Louis Vuitton / David Bordes](https://www.actuel-direction-juridique.fr/sites/default/files/hantaivuitton480.jpg)
Des figures géométriques (hachures, kaléidoscopes, etc.) aux couleurs éblouissantes, obtenues parfois avec la méthode dite du pliage : voilà ce que donne à voir la surprenante oeuvre de Simon Hantai, né en Hongrie en 1922 et mort à Paris en 2008. La fondation Vuitton célèbre le centenaire de la naissance du peintre en présentant 130 de ses oeuvres. L'artiste, qui eut ses périodes de révolte contre la marchandisation de l'art (il détruisit certaines de ses toiles) et de retrait (entre 1982 et 1998 !), eut différents registres, y compris, à ses débuts, le surréalisme : il laissa même un tableau devant la porte d'André Breton pour se faire connaître de lui.
Si vous vivez en Ile-de-France et si vous n'y êtes jamais allé, ou si vous y êtes de passage, cette exposition vous donnera également l'occasion d'admirer l'étonnant bâtiment de la fondation Vuitton. Cette réalisation de l'architecte Frank Gehry est paradoxale , tant elle paraît modeste de l'extérieur mais très vaste et haute une fois qu'on pénètre à l'intérieur. Cerise sur le gâteau, le musée offre de beaux points de vue sur la Défense et le bois de Boulogne.
► Jusqu'au 29 août 2022
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6. CHAUMONT-SUR-LOIRE (LOIR-ET-CHER) : le festival des jardins

Nul ne sait quel sera le temps du mois d'août en région Centre. Mais même sans canicule, une promenade au festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire s'avérera rafraîchissante, et poétique, puisque des oeuvres d'art parsèment les jardins qui s'étendent sur 32 hectares. Cette année, le festival, qui fête ses 30 ans "d'utopie verte" (p...30 ans !), a promis une approche renouvelée de ses créations végétales (30 nouveaux jardins) et artistiques (55 installations d'art contemporain). A vérifier sur place, où l'on peut admirer la forteresse millénaire du château de Chaumont, à cheval entre les comtés de Blois et d'Anjou...
► Jusqu'au 6 novembre 2022
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7. ARLES (BOUCHES-DU-RHONE) : les rencontres photographiques

Retour à la normale, après deux années perturbées par la Covid, pour le grand festival de photo que sont les rencontres photographiques d'Arles, où de multiples lieux d'exposition permettent de découvrir la ville antique. Cette 53e édition compte 40 expositions réparties en 5 thèmes un brin conceptuels : performer, expérimenter, émerger, explorer et témoigner, revisiter. Tout un programme ! Quelques images sont à découvrir dans cet article ainsi que sur le site du festival, mais le mieux est de se laisser guider au hasard des petites rues logées dans une courbe du Rhône, qui entame ici sa course camarguaise avant la Méditerranée. Signalons néanmoins une expo à ne pas louper, celle des photographie que Lee Miller a prises jusqu'en 1945. Cette New-yorkaise, qui vécut de 1932 à1977, eut un destin exceptionnel : d'abord modèle pour Man Ray, elle devint photographe de mode mais aussi reporter de guerre, ce qui l'amena jusqu'aux camps de Buchenwald et Dachau et qu'elle photographia pour laisser des traces, ce dont elle ne se remit jamais (à son sujet on peut écouter aussi le formidable podcast de France culture).
En mode mineur, signalons également les "promenades photographiques" de Vendôme (Loir-et-Cher), modestes mais d'autant plus attachantes qu'elles permettent de découvrir cette belle petite ville au beau patrimoine.
► Jusqu'au 25 septembre 2022
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8. NIMES (GARD) : les Etrusques

A deux pas de ses arènes et non loin de sa maison carrée, la capitale gardoise accueille, dans son récent musée de la Romanité aux collections imposantes (mais attention, "25 siècles d'histoire" vous attendent, claironne le site du musée !), une exposition à la gloire de ce peuple brillant qui précéda la civilisation romaine : les Etrusques. Ce n'étaient pas des gens à se contenter de quelques frusques, les Etrusques. Ce peuple qui vécut dans le centre de l'Italie (Toscane, Ombrie, Latium) nous laisse en effet de très belles réalisations artisanales. Statuettes, bijoux, amphores, et autres objets de la vie courante sont présentés dans l'exposition. Mais la splendeur de leur civilisation raffinée n'a pas empêché leur déclin et leur annexion par Rome. Uderzo et Goscinny avaient raison : ils sont fous, ces Romains !
► Jusqu'au 23 octobre 2022
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9. NICE (ALPES-MARITIMES) : Matisse et Hockney, "un paradis"

Ce "dialogue inédit", pour reprendre les mots de la présentation de l'exposition, associe donc Henri Matisse (1869-1954), le génie de la Danse, figure majeure du fauvisme, et David Hockey (né en 1937 en Grande-Bretagne), qui a réalisé ses dernières peintures en Normandie (il s'est installé dans le Pays d'Auge) via le numérique et sa tablette, et qui est surtout très connu pour ses tableaux très "pop" comme ces personnages au bord d'une piscine. Incongru ? Comparaison n'est pas raison, et l'un ne vaut sans doute pas l'autre, mais l'idée d'associer ces deux amoureux des couleurs, Matisse et Hockney, paraît, ma foi, couler de source, sinon du chevalet, tant l'art de Matisse paraît avoir influencé celui de Hockney. Lumineux.
► Jusqu'au 18 septembre 2022
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10. PERPIGNAN (PYRENEES ORIENTALES) : Monfreid sous le soleil de Gauguin

Couleurs encore avec cette exposition "Monfreid sous le soleil de Gauguin" dans la capitale française du Roussillon, érigée en "centre du monde" par l'incorrigible Dali. On ne présente plus Gauguin (1848-1903), cet inventeur de formes et de couleurs dont Van Gogh fut l'ami. En revanche, la figure de Georges-Daniel de Monfreid (1856-1929) un ami proche de Gauguin qui fit beaucoup d'efforts pour faire connaître l'oeuvre de ce dernier et qui fut son exécuteur testamentaire, paraît être tombée dans l'oubli, bien qu'il fut lui-même peintre. Le musée d'art d'Hyacinthe Rigaud a eu la bonne idée d'exposer 130 oeuvres de cet artiste, accompagnées de quelques oeuvres de Gauguin, comme en miroir. Monfreid fut un peintre des paysages mais aussi un remarquable portraitiste, comme l'atteste l'autoportrait ci-dessus.
► Jusqu'au 6 novembre 2022