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RGPD : les DPO peinent à se faire une place en entreprise

Tensions internes, aucun budget dédié, atteinte à l'indépendance... Si le DPO est un profil de plus en plus recherché par les entreprises, il semble rencontrer quelques difficultés pour exercer sa fonction, selon l'enquête publiée par le ministère du travail, avec l'appui de l'Afpa en partenariat avec l'AFCDP et la CNIL, le 22 novembre.

Il y a 18 mois, le RGPD entrait en application. Afin de mieux comprendre leur rôle, leur positionnement dans l’entreprise, les moyens associés à l’exercice de la fonction, le ministère du travail avec l'appui de l'Afpa en partenariat avec l'AFCDP et la CNIL, ont lancé en mars dernier une enquête* sur les data protection officers (DPO). Les résultats ont été dévoilés jeudi dernier.

13 % des DPO rattachés à la direction juridique

En fonction des résultats majoritaires livrés par les répondants, le profil-type du DPO a pu être dressé. On apprend ainsi que le DPO est âgé de plus de 40 ans et qu’il exerce sa fonction en CDI à temps partiel (c’est le cas pour 70 % des interrogés). 49 % des DPO sont par ailleurs rattachés à la direction générale ou au secrétariat général, 16 % à la direction informatique et seulement 13 % à la direction juridique.

 

 

Concernant son cursus, le DPO a une formation supérieure bac +5 et dispose de moins de 2 ans d’expérience dans le domaine de la protection des données. Lenquête souligne que pour 53 % des DPO, « quelques points mineurs du cadre légal leur échappent encore » et près de ¼ des DPO avouent ne pas maîtriser « plusieurs concepts importants ». Seulement 13.4 % des répondants estiment maîtriser parfaitement le cadre légal et l’environnement RGPD.

Exiger des références

Des besoins en formation qui se confirment dans les faits, alors que 33 % des DPO désignés auprès de la CNIL possédant moins d’un an d’expérience déclarent n’avoir suivi aucune formation en lien avec la fonction de DPO au cours des 5 dernières années.

Sur ce point, l’AFCDP conseille aux dirigeants à la recherche d’un DPO externe, « au-delà du diplôme ou de la certification, d’exiger des références et de prendre contact avec elles ».

Pas d’équipe ni de budget dédié

Concernant l’exercice de la fonction, les DPO semblent manquer de ressources - tant humaines que financières :

  • 3 DPO sur 4 travaillent seuls,
  • 21 % disposent d’une équipe de 1 à 3 personnes pour les épauler,
  • 40 % des DPO ont un budget pour la mise en œuvre de leurs missions,
  • 42 % déclarent ne pas en avoir et pensent ne pas en bénéficier l’année prochaine.
Une charge de travail très forte

Pour autant, 8 DPO sur 10 estiment avoir une charge de travail « de forte à très forte », ce qui les oblige à modifier régulièrement ou très souvent leur planning. Pour l’ensemble des DPO, les 3 principales activités en termes de temps passé sont :

Tentatives d'atteinte à l'indépendance

Enfin, l’étude pointe la « trop grande fréquence des situations stressantes ou des tentatives d’atteinte à l’indépendance des DPO ». Elle révèle notamment que plus de la moitié des DPO sont exposés à des situations de tension interne ou de conflit personnel entre leur rôle de DPO et les attentes perçues de l’organisation.

*L’enquête a été menée auprès de 1265 personnes : DPO internes (859), internes mutualisés par des responsables de traitement (196) ou externes déclarés auprès de la CNIL (210).

Leslie Brassac
Ecrit par
Leslie Brassac
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