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Quand la direction juridique se partage

La direction juridique fonctionne parfois en binôme avec une autre fonction-clé de l’entreprise, qu’il s’agisse de la direction administrative et financière, des affaires publiques, de la DRH ou autre. Témoignages.

Plonger le matin dans l’analyse financière d’une filiale et l’après-midi dans la révision d’un contrat avec un gros client international : c’est le quotidien de certains directeurs juridiques, qui partagent leur temps entre deux fonctions.

Cette situation particulière peut s’expliquer par la taille réduite de l’entreprise, son fonctionnement ou son secteur d’activité : « Lorsque je suis arrivée dans l’entreprise en 2012, mon poste de directrice administrative, financière et juridique était déjà conçu comme tel, avec des enjeux et des perspectives de développement à l’international pour lesquels la dualité était importante car elle octroie une vision plus large », explique Béatrice Carrette, DAF juridique chez Linkeo (agence de communication digitale).

Autre société : chez Microsoft France, Marc Mossé assume le poste de directeur juridique et des affaires publiques. Autrement dit, la fonction couvre les relations avec les pouvoirs publics, les associations professionnelles ou de consommateurs, entre autres. « Notre rôle est de mettre en œuvre le droit, mais également d’en anticiper les évolutions qui vont influer sur le cours du business. Pour cela, il faut avoir une vision des questions à 360 degrés et être connecté à l’ensemble de l’éco-système de l’entreprise et des stakeholders* », explique Marc Mossé.

Des fonctions complémentaires

Premier impératif de ces directeurs juridiques hors-normes : avoir la formation et le parcours qui autorisent une telle double-fonction. En plus, bien entendu, d’une bonne dose de motivation. « J’ai une formation en gestion fiscale de l’entreprise, en comptabilité-finance et en droit, notamment en droit anglo-américain », explique Cyrille Sergère, DAF et directeur juridique de la PME de biotechnologies Setubio. Un parcours à la CGPME, syndicat patronal interprofessionnel, a permis à ce DAF de se frotter aux problématiques quotidiennes des patrons, aussi bien en matière de contentieux que d’actions collectives relevant du droit social. « Il y a une vraie légitimité à exercer cette double-fonction dans notre entreprise, car elle est confrontée à des problématiques dépassant sa dimension de PME : internationalisation et filialisation des activités, inscription sur les marchés financiers après ouverture du capital ou encore gestion des relations avec plusieurs centaines d’actionnaires ».

Nous avons défini cinq axes pour le fonctionnement du service juridique 

Au quotidien, animer une direction juridique conjointe à un autre service passe donc par une organisation bien rodée : « Nous avons défini cinq axes pour le fonctionnement du service juridique, explique Béatrice Carrette. La contractualisation et l’évolution des contrats et des CGV, puis la rédaction et la négociation de contrats fournisseurs, la gestion des baux, le pré-contentieux et le contentieux, et enfin les sujets divers tels que l’implantation de filiales à l’étranger ».

Faire appel aux conseils

S’appuyer sur des ressources internes fiables - l'équipe juridique - ainsi que sur les conseils de cabinets d’avocats s’avère indispensable pour ces services juridiques qui fonctionnent en mode dual. « Nous nous formons et nous nous informons en permanence, grâce aux publications spécialisées en droit, et nous n’hésitons pas à recourir à un conseil pour toute question technique à fort enjeu », indique Béatrice Carrette. Pour sa part, Cyrille Sergère multiplie les engagements associatifs - à l’AFJE, à la commission juridique de la CGPME Auvergne, etc. - afin d’être plongé en permanence dans un « bain » juridique, d’où naissent des échanges, des contacts, une vision de la profession et de son évolution.

Les directeurs juridiques à double-casquette font donc preuve d’une grande polyvalence, de souplesse, afin d’aborder des sujets très variés et de s’y consacrer entièrement, selon les besoins de leur entreprise. « Lorsque nous implantons une filiale à l’étranger, je vais sur place, je traite avec un intermédiaire pour les formalités, bref, je me plonge à 100 % dans le droit pour sécuriser la démarche », indique Béatrice Carrette. Selon les directeurs juridiques concernés, leur double fonction permet d’être véritablement au cœur de l’entreprise.

*parties prenantes

Olga Stancevic
Ecrit par
Olga Stancevic
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