Quel service juridique n’a jamais fait appel à un stagiaire ? Pour les étudiants en droit, le stage en entreprise (ou en cabinet) devient progressivement un passage obligé. S’il sert surtout à s’immerger dans le monde juridique pour les plus jeunes, il devient un module obligatoire pour la majorité des étudiants en master.
Côté directions juridiques, les stagiaires sont un renfort apprécié : « Selon leur niveau d’études, nous leur confions des tâches qui, pour les premières années de droit, peuvent être du classement de dossiers contentieux ou la réalisation de fiches résumant les procédures. Lorsqu’ils sont plus chevronnés, nous pouvons les faire participer à la réponse à des appels d’offres, ou encore réaliser une analyse de contrats cadres », explique Elodie Cressol, directrice juridique d’Idex Services, entreprise de services dans le domaine de l’énergie et de l’environnement.
Au sein du groupe Lagardère, il existe une direction juridique en charge de la compliance qui, elle aussi, s’adjoint régulièrement les services de stagiaires : « Nous recrutons des étudiants pour des stages plutôt longs, entre 3 et 6 mois, et leurs tâches peuvent consister, par exemple, à élaborer des outils de communication tels qu’une newsletter interne », explique Florence Lonis, directrice juridique déléguée à la communication Gouvernance et à la Compliance du groupe.
Autre cas de figure : la SSII Atos, dont les outils modernes tels que le réseau social juridique Law Net attirent les stagiaires en droit : « Nos stagiaires s’engagent sur des périodes plutôt longues, d’environ 6 mois et leurs missions peuvent porter sur des problématiques de propriété intellectuelle, ou encore, sur la négociation des contrats commerciaux, selon le profil et les besoins », indique Maria Pernas, SVP Group Deputy General Counsel chez Atos.
Qu’ils se destinent à devenir avocat ou pas, les stagiaires recherchent tous une immersion dans le monde de l’entreprise et une connaissance du fonctionnement d’un service juridique. Les recruteurs se tournent donc vers tous types de formations : « Je n’ai pas d’établissement de prédilection. Le stagiaire peut venir d’une école de commerce et avoir bifurqué vers le droit ou avoir suivi un cursus classique en université, ou encore venir d’un IEP : ce sont autant de profils et de compétences intéressantes », estime Elodie Cressol, qui recherche actuellement un stagiaire pour une mission d’analyse de contrats cadres et d’étude auprès des opérationnels. Même ouverture, côté formation initiale, chez Atos. « Nous recrutons des stagiaires tout au long de l’année, explique Maria Pernas. Certains viennent de l’université, d’autres d’écoles de commerce, nous avons également eu une élève de l’ENM et nous accueillons régulièrement des étudiants étrangers ».
Chez Lagardère, les spécificités de la compliance amènent des profils plus pointus : « Nous accueillons des stagiaires soit issus d’un cursus de droit des affaires qui s’intéressent à la compliance, soit plus généralement ceux qui viennent d’une formation spécialisée dans le domaine, comme il en existe à l’université de Cergy-Pontoise », explique Florence Lonis. En phase de recrutement, les professionnels s’avouent moins stricts que pour l’embauche d’un collaborateur, mais tout aussi attachés à la motivation des candidats et à leur personnalité : « Les profils qui ont une appétence pour l’entreprise et qui se montrent curieux et volontaires font la différence », estime Elodie Cressol.
Pour les directions juridiques, le bon déroulement d’un stage dépend tout d’abord des objectifs : « Il faut être clair avec le contenu du stage, savoir ce que l’on va demander à l’étudiant qui doit pouvoir y trouver une mise en application de ses connaissances théoriques. Et pour le service juridique, faire de la présence du stagiaire une valeur ajoutée », explique Florence Lonis. Bien entendu, les étudiants nécessitent un accompagnement et un suivi régulier de leur travail. « Si un jeune se montre performant et volontaire, je lui confie de nouvelles tâches susceptibles de l’intéresser », indique Elodie Cressol. Qui reconnaît que le contact des étudiants, le sang neuf qu’ils apportent dans le service, est un bénéfice.
Et bien entendu, pour de nombreuses entreprises, le stage constitue une première étape vers une embauche ultérieure.
► Cette semaine, nous avons consacré plusieurs articles de nos éditions aux apprentis juristes (voir nos articles parus lundi et mercredi).