Communication d’entreprise : le rapport intégré, un nouveau sésame ?
Il y a le rapport annuel, le rapport financier, le document de référence et le rapport RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise), parfois intégré au document de référence ou non, le bilan social etc. Va-t-on désormais assister à la généralisation d’un nouveau document, le rapport intégré, au sein des entreprises ? Les spécialistes de la communication financière de l’agence Capitalcom plaident en tout cas en faveur de ce document (appelé intégré car il peut être associé à un autre rapport ou bien autonome), sorte de synthèse qui expose les priorités stratégiques et l’action de la société, tout en démontrant sa capacité à créer de la valeur.
« L’entreprise y relève l’éventail des facteurs les plus stratégiques ayant un impact sur sa performance globale et elle rend compte de sa gestion efficace de ces facteurs, qui sont de nature financière ou opérationnelle mais aussi sociale, environnementale ou sociétale », nous dit l’agence. Concrètement, le rapport intégré ne relève d’aucune obligation légale pour l’entreprise. A écouter les intervenants de la conférence du 5 novembre à ce sujet, qui s’est déroulée à la CCIP, il s’agit plutôt d’une obligation « morale ». Vis-à-vis des investisseurs, des clients, des collaborateurs ou encore de l’opinion publique. Le rapport intégré s’inscrit donc dans une démarche de reporting visant à rassurer les différents publics de l’entreprise. Problème : jusqu’où aller dans la prospective et dans l’information stratégique ?
Engie (ex-GDF) a publié, cette année, son premier rapport intégré, avec notamment une trentaine d’indicateurs (d’objectifs) environnementaux, comme la part des achats locaux dans tel ou tel pays, les emplois créés, etc. « Il s’agit d’une information ramassée, tournée vers l’avenir et qui donne du sens à l’activité de l’entreprise », résume Philippe Renard, secrétaire du comité éthique chez Engie. Les collaborateurs, notamment, aspirent à travailler dans une entreprise qui défend des valeurs. Mieux : la réalisation du rapport aurait permis un meilleur dialogue entre les acteurs de la gouvernance de l’entreprise. Le Cercle de la compliance, représenté lors de la conférence par sa vice-présidente Blandine Cordier-Palasse, relève pour sa part que le rapport intégré reste diversement connu au sein des chief compliance officers, y compris ceux des sociétés du CAC 40. La question centrale, qui préoccupe les juristes, est de minimiser le risque vis-à-vis de la concurrence déloyale qui pourrait naître de la diffusion d’informations dans ce document.
L'équipementier électrique Schneider Electric reconnaît, quant à lui, ne pas réaliser de rapport intégré mais publier ses résultats financiers et extra-financiers tous les trimestres. L’entreprise s’illustre notamment par son engagement pour l’équité salariale homme-femme et plaide pour des indicateurs clairs, mesurables et opposables, diffusés aux différents publics. Alors, rédiger ou pas un rapport intégré en entrant dans le détail des projets ?
Les participants de la conférence, organisée par capitalcom, estiment tous qu’il faut « de la souplesse » et laisser l’entreprise jauger de ce qu’elle veut diffuser. Quoi qu’il en soit, il existe un référentiel, réalisé par l’IIRC (International Integrated Reporting Council : coalition d’acteurs économiques visant à faire évoluer le reporting des entreprises). Lequel apporte un cadre de référence au rapport intégré, dont il fixe les éléments constitutifs et les principes directeurs.